Valse avec Bachir, Ari Folman
Soudain, un soldat sort de l’ombre et jaillit de là où il était embusqué. En un instant, il se retrouve sous les balles, lui-même en train de tirer dans toutes les directions. Au second plan, il y a une affiche géante de Bachir.
Et alors que le soldat tourne, gesticule, virevolte au milieu des coups de feu et que nos oreilles entendent une valse, l’horreur se transforme en grâce. Un instant d’éternité dont on finit par ne plus savoir où il a lieu. Cœur du film, cette scène est aussi splendide que bouleversante.
« Valse avec Bachir » raconte la propre histoire du réalisateur Ari Folman, sa propre expérience de la guerre du Liban en 1980. Le lendemain qu’un de ses amis le réveille en pleine nuit pour lui faire part d’un rêve plutôt étrange, des images de la guerre lui reviennent à la mémoire pour la première fois. Dès lors, le besoin de retrouver ses souvenirs devient vital pour Ari. Au travers d’interviews et de rencontres d’anciens compagnons d’armes et de personnalités, Ari va peu à peu assembler les pièces du puzzle.
Ce film est sublime et brillant, autant que sur le même mode du film d’animation, Persepolis avait été sublime et brillant il y a quelques mois à peine. Avec le dessin, on parle et on glisse avec un autre angle sur les personnages et leurs histoires et la poésie s’immisce là où elle serait selon toute vraisemblance exclue car invraisemblable… Mais pas seulement ; car c’est en fait en mille détails astucieux et délicats, faits de contrastes et de nuances, de clairs et d’obscurs, d’insignifiances et d’essentiels, que la réalité se montre finalement encore plus éclatante et donc incontournable.
Un petit chef-d’œuvre…
Même pas petit…