Josh Rouse, Under cold blue stars

Une chanson, tout le monde saurait en faire, et certains sauraient en fabriquer à la douzaine. Il en va d’elle comme de l’ami, galvaudée dans un monde démultiplié, un espace de miracle qui laisse augurer que tout peut se reproduire à l’infini. Alors que non, un ami, c’est rare, autant qu’une chanson. En quelques minutes, parfois deux seulement, on doit avoir voyagé, être parti, sans les bagages et sans les visas. Même la brosse à dents est superflue. Tout, sauf l’esprit. Cela faisait des mois que je n’avais pas bougé d’en moi, malgré le besoin de visiter. Des mois sur place. Alors… Alors, sous des étoiles froides et bleues, onze titres se sont faits chansons, destinations offertes par Josh Rouse, sorte de dream operator même si on parle plus communément de songwriter. Moi, j’aime parler d’un faiseur de chansons, pour l’idée d’une fabrique, d’un assemblage méticuleux et inspiré. Cet album est splendide, et si vous aimez les compositions, les mélodies et les refrains, vous devez l’approcher, le faire vôtre. Il n’y a pas de fausse note, aucune posture. Avec « Under cold blue stars », Josh Rouse déroule une idée juste du beau, une idée grandissante, puis envahissante au gré des écoutes. Simple et intelligente. Si les mots suffisaient, la musique n’aurait pas besoin d’être ; alors faites-vous ce plaisir et écoutez, dans les plus belles conditions que vous pouvez vous accorder… Puis dites-moi. (Mais il demeure une interrogation, ici et maintenant : écrit-on un nouvel article sur un site dont les jours sont comptés ? La seule beauté d’un geste peut-elle suffire ? S’il y avait une roche aux alentours, je chercherais dessous l’anguille. Ou un joli disque.)