Dominique A – Eléor

Le détail permet la digression, la possibilité d’une visite à soi.

Faire table rase ; du passif puisque le passé n’existe pas ailleurs que dans les souvenirs et les sillons qu’il a creusés. Ôter le poids qui alourdit le corps et l’esprit. Les années usent moins que les événements qu’elles renferment, comme si l’âge n’existait que dans la solitude. Qu’elle le demande ou pas, je ferai du mieux, de mon mieux, pour annuler certains noms, réussir là où j’ai échoué. Là même où je me suis échoué. Un lieu isolé et sans accès, une forteresse.

Alors, au revoir mon amour. Et dans l’attente d’un plus tard et d’un ailleurs, cette forme d’impolitesse, la pensée se choque contre les parfums et les endroits hantés, les odeurs du café et de l’herbe ; et les sourires se calent sur ceux qu’on savait faire sans y penser, avant. Mêlés, la douleur et le bonheur d’être envahi et de ne pas pouvoir ne plus l’être. L’ivresse, par le vertige, orne la tentation du vide. Mais à tout, résister, car l’espérance vaut la peine.

Evidente, puisqu’elle existe, celle qui ne me quittera jamais. Une unique dont les vibrations seront mon écho. Une. Une qui connaît les ramifications invisibles, en chaque instant, même ceux d’avant la coïncidence d’une rencontre. Celle qui saura, pour la durée précise du toujours et de la journée d’après. Celle qui aura le don de moi, comme une discipline singulière, un métier qu’on n’apprend pas.

En ces chansons, enchainées comme une, Dominique A ne visite que l’espérance d’un amour absolu, celui dont on rêve quand le reste ne fait pas rêver, celui qui, s’il disparaît des nuits, couvre d’obscurité les jours. C’est bien de cet amour-là, sans compromis, sans contrat, indescriptible et nu, qu’est fait ce disque somptueux, un paradis qu’il faut avoir perdu pour savoir qu’il existe.

Comprendre que la prochaine fois, on s’y laissera prendre, par la nécessité et par l’urgence.

Un dernier mot ? Non. Juste une certitude à présent. Se retrouver à Eléor.