Alex Beaupain, Après moi le déluge

La désinvolture n’est que l’attitude ; la nonchalance, le brin d’air. Car au fond, rien de léger…

Thèmes variétés, assumés, musiques mélancoliques ou acidulées, selon ou malgré les textes. De bon souvent, ou de mauvais parfois, goût ; peu importe car l’authenticité assaisonne et donne précisément le ton juste. Alex Beaupain est aussi sensible que simple, et ne donne pas l’impression de s’embarrasser de la mode ou d’un diktat. Tant mieux. Ce qu’il est, il le chantonne, le dit, enrobé des notes et des sons qui lui font plaisir. Le plaisir, pour masque la forêt, l’étendue immense de nostalgie et les brins de noir semés. Parfois, c’est trop, trop sombre, les arbres, si hauts ne laissent pas la lumière passer. Au sol, les pas se font le long de chemins sans horizon.

Pourtant…Malgré les rares clairières, le poids des mots, l’album est un jardin où j’ai aimé m’attarder. « Je peux aimer pour deux » ; « Après moi le déluge » ; « Coule » ; « Je suis un souvenir » ; de mémoire, au moins eux, sont ce que chaque artiste aimerait donner une unique fois à sa discipline. De l’ordre de ce qui n’a pas besoin de prétendre pour être. Tant sur les textes, incroyablement ciselés et futés, que sur les mélodies, la perfection, si elle n’existe pas, n’est sans doute pas loin. Lorsque l’auteur est un souvenir, ce sont nos vies qui défilent sous sa voix, nos vies entières, du premier cri au dernier souffle, nos moments, les intimes comme les infimes ; ses instants, nos instants, mêlés, confondus, fondus. Et au-delà de ce qui peut agacer, sembler forcé ou de trop, l’album d’Alex Beaupain a la grâce infinie de ce qui ne peut que résonner pour chacun.

Universel ; ce que sont les œuvres.